Libérer le triple impact suisse : Guide pour des achats responsables
Lorsque nous faisons des achats, nous avons souvent tendance à penser uniquement à nos besoins immédiats. Cependant, l’acte d’achat peut avoir un impact bien plus large que nous ne le pensons. Les achats responsables, également connus sous le nom d’achats durables, sont une approche qui tient compte des conséquences sociales, environnementales et économiques de nos choix de consommation. Dans cet article, nous allons explorer l’importance des achats responsables pour le développement durable, en mettant particulièrement l’accent sur la Suisse.
L’importance des achats responsables dans une approche durable
Le développement durable[1] (voir aussi les 17 objectifs de développement durable) est un objectif clé pour garantir un avenir prospère pour les générations futures. Les achats responsables jouent un rôle essentiel dans la réalisation de cet objectif. En intégrant des critères de durabilité dans nos décisions d’achat, nous pouvons contribuer à réduire notre empreinte environnementale, soutenir des pratiques commerciales éthiques et promouvoir le bien-être social des travailleurs.
En Suisse, où l’innovation et la qualité sont des valeurs centrales, les achats responsables deviennent un levier important pour les industriels. Le pays est réputé pour son engagement en faveur de la durabilité et de la responsabilité sociale[2]. En adoptant des pratiques d’achats responsables, les entreprises suisses peuvent renforcer leur réputation, bénéficier d’un avantage concurrentiel en attirant de nouveaux clients (confiance des consommateurs) et des talents[3], contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable fixés par les Nations Unies.
Les pratiques d’achats responsables en Suisse
La Suisse est un leader mondial en matière d’innovation[4] (l’économie helvétique se classe première de l’Indice mondial de l’innovation 2021 publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), devant la Suède et les États-Unis). En termes d’innovation, un nouveau pilier fait figure de challenger. En effet, de nombreuses entreprises suisses ont adopté des politiques d’achats durables et cherchent activement à travailler avec des fournisseurs respectueux de l’environnement et socialement responsables[5]. Ces pratiques sont motivées par la volonté de réduire l’impact environnemental des activités commerciales, de respecter les droits humains et de promouvoir des conditions de travail sûres et équitables.
Les entreprises suisses cherchent également à intégrer la durabilité dans toutes les étapes du processus d’approvisionnement. Cela inclut l’évaluation des fournisseurs en fonction de leur performance en matière de développement durable, la mise en place de critères rigoureux pour les achats de produits et services, ainsi que la promotion de l’innovation et de la collaboration avec des partenaires engagés.
Initiatives gouvernementales pour promouvoir les achats responsables
Le gouvernement suisse joue un rôle essentiel dans la promotion des achats responsables. Il a mis en place des initiatives pour encourager les entreprises à adopter des pratiques durables et pour faciliter l’accès à des informations et à des ressources sur les achats responsables. Une des initiatives clés est la création de critères de durabilité pour les marchés publics. Notamment en mettant à disposition de nombreuses plateformes cantonales d’outils et de méthodologie à la mise en place de démarches responsables. Prenons l’exemple des cantons de Vaud et Genève, qui ont su synthétiser et offrir une toolboox[6] de cas pratiques aux entreprises pour le déploiement d’achats responsables.
Les organismes gouvernementaux sont tenus de prendre en compte des aspects tels que l’efficacité énergétique, les émissions de carbone et les critères sociaux dans leurs décisions d’achat. Cela encourage les fournisseurs à mettre en place des pratiques durables et à proposer des produits et services respectueux de l’environnement.
Enfin, la Suisse a vu l’émergence d’un programme national unique, le STI[7] (Swiss Triple Impact, incubé par B Lab Suisse) qui permet aux entreprises de toutes tailles d’identifier et de mesurer leur performance en termes de développement durable.
L’impact des achats responsables sur les entreprises.
Les entreprises qui adoptent des pratiques d’achats responsables peuvent bénéficier de multiples avantages. Tout d’abord, elles peuvent réduire leurs coûts en optimisant l’utilisation des ressources et en évitant les gaspillages. Elles peuvent (comme nous l’avons abordé plus haut) renforcer leur réputation et leur image de marque en montrant leur engagement envers la durabilité et la responsabilité sociétale.
Les entreprises qui travaillent avec des fournisseurs durables peuvent également bénéficier d’une meilleure qualité des produits et services, d’une plus grande stabilité de la chaîne d’approvisionnement. Les tensions géopolitiques sont des leviers à la mise en place d’une refonte des chaînes d’approvisionnement, tel que le cas de friendshoring[8] (contraction de « friends » (amis), et « offshoring » (la délocalisation)). Le concept consiste à rapprocher sa chaîne d’approvisionnement de pays proches ou voisins avec lesquels l’entreprise partage certaines valeurs communes. En fin de compte, les achats responsables peuvent contribuer à la croissance et à la pérennité des entreprises.
Études de cas d’initiatives d’achats durables réussies en Suisse
Plusieurs entreprises suisses ont déjà mis en place des initiatives d’achats responsables avec succès. C’est le cas de Nestlé, l’une des plus grandes entreprises alimentaires au monde qui s’est engagée à atteindre zéro émission nette d’ici 2050[9]. Pour y parvenir, l’entreprise concourt avec des agriculteurs et des fournisseurs pour promouvoir des pratiques agricoles durables et réduire l’impact environnemental de sa chaîne d’approvisionnement.
Une autre entreprise suisse, Novartis, a mis en place des critères stricts pour ses fournisseurs afin de garantir le respect des normes de développement durable. L’entreprise vise à réduire son empreinte environnementale (en 2022 leur impact écologique était de 170 MioCHF dont 140MioCHF dépendent indirectement de leurs fournisseurs[10]), à promouvoir l’égalité des sexes et à garantir des conditions de travail équitables tout au long de sa chaîne d’approvisionnement.
Quels sont les défis et les freins aux achats responsables ?
Bien que les achats responsables soient de plus en plus répandus en Suisse, il existe encore des défis et des obstacles à surmonter. L’un des principaux défis est le manque de transparence dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Il peut être difficile pour les entreprises de savoir exactement d’où proviennent les produits qu’elles achètent et dans quelles conditions ils ont été produits (exemple le cas des pierres précieuses de couleurs [13], la traçabilité de la chaîne de l’or). C’est dans ce cadre, que la Suisse s’est associée[11] en mai 2023, à la déclaration commune « Joint Statement on Cooperation on Global Supply Chains » suivie par 28 états dont l’UE afin de rendre les chaînes d’approvisionnement (dont la suisse) plus résilientes et à sécuriser l’approvisionnement en biens vitaux.
Enfin, les coûts initiaux des pratiques d’achats responsables peuvent sembler plus élevés, ce qui peut dissuader certaines entreprises. Cependant, il est important de noter que ces coûts peuvent être compensés à long terme par des économies d’énergie, une réduction des déchets et une meilleure efficacité opérationnelle. Car l’approche RSE mandatée aux achats permet la mise en place de recherche de solutions innovantes qui conjuguent simultanément création de valeur et développement durable.
L’avenir des achats responsables en Suisse
L’avenir des achats responsables en Suisse est prometteur. Les entreprises et les consommateurs prennent de plus en plus conscience de l’importance de la durabilité et de la responsabilité sociétale[12]. De nouvelles technologies et approches innovantes émergent pour soutenir les pratiques d’achats responsables, telles que la blockchain pour assurer la transparence dans les chaînes d’approvisionnement, mais également plus prosaïquement des toolboox mises à disposition à l’initiative des cantons pour aider leurs entreprises.
Il est essentiel que les entreprises, les gouvernements et les consommateurs continuent de travailler ensemble pour promouvoir les achats responsables et créer un avenir durable pour tous.
Conclusion
Les achats responsables sont un outil puissant pour promouvoir le développement durable en Suisse. Les entreprises suisses peuvent jouer un rôle de premier plan en adoptant des pratiques d’achats durables et en travaillant avec des fournisseurs respectueux de l’environnement et socialement responsables. Les consommateurs ont également un rôle à jouer en faisant des choix de consommation plus durables. Ensemble, nous pouvons libérer le pouvoir du triple impact suisse et créer un avenir meilleur pour tous.
[1] https://www.agenda-2030.fr/17-objectifs-de-developpement-durable/
[2] https://www.myswitzerland.com/fr-ch/planification/vie-pratique/la-suisse-durable-par-nature/les-statistiques-aussi-le-prouvent-la-suisse-est-un-pays-ecologique/
[3] https://www.strategie-achats.com/comment-les-achats-durables-ameliorent-la-reputation.html
[4] https://www.kmu.admin.ch/kmu/fr/home/actuel/news/2021/la-suisse-est-leader-mondial-de-l-innovation.html
[5] Exemple Schaeffler Suisse ; Hôpitaux Universitaire de Genève ; La Post
https://www.hug.ch/sites/interhug/files/structures/fournisseurs/politique_dd_01.2020_signee.pdf
https://www.post.ch/fr/notre-profil/responsabilite/politique-des-achats
[6] https://www.pap.swiss/fr/toolbox
[7] https://fr.swisstripleimpact.ch/
[8] Maihold, G. (2022). A new geopolitics of supply chains: The rise of friend-shoring.
[9] https://www.nestle.com/sustainability/climate-change/zero-environmental-impact
[10] https://www.novartis.com/ch-de/sites/novartis_ch/files/novartis-en-suisse-2022.pdf
[11] https://www.seco.admin.ch/seco/fr/home/seco/nsb-news.msg-id-94955.html
[12] https://www.plattformagenda2030.ch/wp-content/uploads/2020/06/Plateforme-Agenda-2030-rapport_F-web.pdf
[13] https://www.letemps.ch/economie/horlogerie-joaillerie/gemmologues-face-aux-limites-tracabilite